Michel SORIANO (ST-M 1970)

 

Peux-tu relater ton parcours professionnel, quelques faits marquants, des satisfactions ?

Un parcours très diversifié peut-on dire en résumé :

Tout d’abord dans le groupe Schneider/Creusot-Loire/SGTE pour la construction de l’usine sidérurgique Solmer de Fos sur Mer (Hauts fourneaux, aciérie, laminoirs…). Des études à la mise en route des installations, (1971 à 1976). Un challenge passionnant et le dernier grand chantier sidérurgique en France… hélas ! Pourtant, la puissance d’un pays, y compris militaire, s’est longtemps mesurée à sa sidérurgie et aujourd’hui cette usine, comme toute la sidérurgie française (Arcélor dans la suite de Wendel /Sidélor) appartient à un Indien : Mittal ! Lequel a le pouvoir d’arrêter « nos » usines quand il le décide.

Puis à mon compte : création de deux entreprises dans le domaine des économies d’énergie dans le sillage du « choc pétrolier » de l’époque… déjà ! Fourniture/installation de chauffages solaires et de pompes à chaleur… nous installions de 20 à 25 pompes à chaleur par mois, c’était bien et ça marchait bien… oui mais voilà ! Le pétrole est devenu moins cher, les aides de l’état ont disparu, la volonté politique aussi, les pompes à chaleur et le chauffage solaire ont passé de mode et ont été oubliés depuis 35 ans sans quoi tout le monde serait équipé aujourd’hui… et nous serions bien moins dépendants du pétrole.

Amusant : récemment un jeune ingénieur me parlait avec enthousiasme de ce qu’il pensait être une nouvelle technologie révolutionnaire : « la pompe à chaleur »… et oui ! On ne fait que redécouvrir, mais que de temps et d’énergie (gratuite) perdue, depuis, par manque de volonté politique. Mais allons-y, il faut repartir !

 Ensuite dans l’Agroalimentaire pendant 5 ans : Charcuteries / salaisons / conserves… Directeur de centre de profit : Surtout la satisfaction de voir un mécanicien être maitre d’œuvre dans l’élaboration et la fabrication de produits alimentaires, d’inventer les mini saucissons apéritifs, de travailler les protéines végétales dans les pâtés ou de mettre au point le tranchage et conditionnement sous vide à grande vitesse…

Une indication d’optimisme pour les plus jeunes : Le diplôme c’est bien ! Mais avec l’envie et la volonté, tous les métiers vous sont ouverts.

 Puis dans un groupe de participations financières diversifié (9 ans) : Direction générale de plusieurs filiales : Fonderie d’aluminium sous pression pour l’automobile, activités thermiques, réfractaires, fours, incinérateurs. Satisfaction de la réalisation (une première mondiale en 1994) d’un four d’incinération de déchets hospitaliers (Hôpitaux de Paris) avec vitrification intégrée par torche à plasma de tous les déchets de l’incinération (cendres et résidus de lavage des fumées) pour une innocuité totale chimique et bactérienne… un grand progrès.

 Ensuite Président d’un groupe papetier fabriquant environ 3000 tonnes de papier par jour à partir de papier recyclé. Beaucoup d’innovations technologiques notamment pour un blanchiment écologique à partir du peroxyde d’hydrogène au lieu du chlore. Une grande déception : les papiers recyclés Français ont été ensuite achetés par les Chinois pour retourner pleins en Chine les containers qui nous livrent textiles et matériels électroniques et… les prix ont été presque doublés. Ainsi les papiers recyclés disparaissent progressivement en France au profit de la Chine… mais les usines et les emplois aussi ! Alors que l’effort de collecte est fait par les municipalités et les citoyens.

 Enfin : conseil en management pour différentes sociétés, avec par exemple la satisfaction de voir que si l’expérience acquise dans l’industrie peut être très utile pour conseiller des grands groupes, elle peut l’être aussi pour aider de grands centres hospitaliers dans la gestion de leur personnel et la résolution des conflits ; pour un management fort, efficace, mais décomplexé, redonnant à chacun ses pouvoirs et responsabilités.

 Comment as-tu vécu, vis tu et vivras tu encore tes relations avec Arts et Industries.

 Le plus simplement du monde. C’est-à-dire le plaisir de retrouver ou de rencontrer des anciens retraités, des anciens actifs ou des jeunes en formation, dans une communauté bienveillante ou l’école, le « foyer »… et la conscience d’une histoire et d’un parcours commun suffisent à rapprocher et à produire l’envie de l’entraide et de la convivialité. Une vraie satisfaction intellectuelle et morale.

 Quels conseils considères-tu utiles de donner à un diplômé sortant de notre INSA :

 Il peut y en avoir de multiples mais je me cantonnerai à ces quelques remarques :

  • Le diplôme c’est bien ! Mais avec l’envie et la volonté, tous les métiers te sont ouverts.
  • Dis-toi bien que dans l’entreprise ; il n’y a pas de mauvaises gens, il n’y a que de mauvaises relations… à toi de faire le nécessaire.
  • Le chef n’est pas celui qui commande, il est celui que l’on écoute.

En fonction de ton expérience, quelles aides, quelles actions à entreprendre, voire quels supports penses-tu envisageables de mettre en œuvre pour aider nos jeunes au cours de leur formation tant initiale que continue ?

Une idée pourrait être d’émettre une liste de noms d’anciens expérimentés volontaires (Par type de métiers ou d’activités qui leur sont familiers) avec leurs coordonnées, à disposition des élèves et des jeunes actifs.

Ce serait une liste : « Allo ! J’aimerais bien une aide ou un conseil ! » Les jeunes pourraient ainsi appeler qui ils voudraient dans la liste et seraientt assurés de trouver une oreille attentive et peut-être bien des conseils utiles sur le ou les sujets qui les préoccupent que ce soit au niveau technique ou personnel (Problèmes au cours des études, orientation de carrière, questionnements stratégiques, emploi, relationnel, comment réagir dans des circonstances difficiles… etc).

Je pourrais proposer cela au cours d’un CN, évaluer si l’idée parait pertinente, et peut-être voir ce qu’en pensent les élèves. !